Lorsque j’ai commencé à éduquer mes enfants à la maison, j’ai rapidement remarqué un rétressissement marqué de mon espace vital. Mes enfants étaient omniprésents. Soudainement, nous étions ensemble toute la journée. Et la soirée. Et la fin de semaine aussi. Il nous fallait apprendre à vivre ensemble et à respecter l’espace de chacun. Pas une tâche facile dans une famille grand format.
Le respect de l’espace vital de chacun ne se fait pas qu’au plan physique: il faut aussi apprendre à se traiter avec respect minute après minute, heure après heure. Je dis souvent à la cantonade qu’il est impossible d’élever des enfants sans pots-de-vin — et je ne parle pas d’un verre de rouge après l’heure du coucher — mais pour plusieurs d’entre nous, les menaces plutôt que les promesses sont la pierre angulaire de notre approche disciplinaire. Sur les forums Internet que je fréquente, les approches basées sur les menaces ou le retrait de privilèges foisonnent. Pendant longtemps, j’ai souscrit à ces approches, préférant faire référence aux “conséquences” d’une action plutôt qu’à une punition.
J’ai rapidement appris que nos jeunes enfants (et même nos adolescents!) n’avaient pas assez de contrôle sur leur environnent pour que notre approche disciplinaire puisse reposer sur les conséquences naturelles d’une action. Pensez-y. Un enfant joue près du four, un enfant désobéi et va jouer dans la rue, un enfant mord un autre enfant. Les conséquences naturelles de ces actions sont physiquement ou emotivement inatteignables. Qui va laisser son enfant se brûler sévèrement ou se faire frapper par une voiture par acquis de discipline? Et pour la morsure, les remords et la perte d’un ami sont à plusieurs années de faire une différence. Il arrive souvent aussi que les conséquences naturelles soient trop onéreuses pour la famille ou se résument à punir toute la famille pour les actions d’une petite personne. C’est le cas lorsque nous promettons à bout de nerf d’annuler Noël, un voyage à Disney ou de quitter le resto sur le champ. Nous devons tous nous rabattre sur des conséquences inventées pour faire une impression: retrait de privilèges, isolation, confiscation de jouets, privation de dessert.
Cette approche a plus ou moins de succès selon le tempérament de nos enfants et le notre évidemment. Certain enfants choisiront toujours la “conséquence” histoire de garder le contrôle sur une situation qui leur échappe. Certains parents passeront rarement aux actes histoire d’éviter un face-à-face explosif. L’appel aux conséquences est d’une utilité limitée, surtout lorsque celles-ci sont inventées et doivent être mises-en-œuvre par les parents. L’utilité des conséquences naturelles est leur renforcement naturel, sans avoir recours aux discours, à la répétition et à la punition. La conséquence inventée (par exemple, range ta vaisselle sale ou perd ton tour de PS3) doit être imposée par le parent tout comme les mesures punitives. C’est donc une punition déguisée en conséquence.
Un autre problème avec le recours aux menaces et à la perte de privilèges, particulièrement dans le contexte de l’instruction en famille, c’est que la plupart de nos enfants mènent une vie dans laquelle le privilège est partie intégrante, c’est-à-dire qu’il est difficile d’isoler le privilège pour pouvoir l’enlever. Au jour le jour, une fois que nous avons retiré le privilège d’écran ou le dessert, peut-être une sortie chez un ami ou une fête d’anniversaire, on arrive à bout de munitions. Mes enfants perdent souvent leur privilège de télévision ou leur iPod avant 9:00 du matin. Lorsqu’on manque de “conséquences”, on doit se rabattre sur notre autorité toute simple. Et c’est ainsi que je me suis rendu compte que mon autorité, sans menaces, était plutôt mince.
C’est ainsi que je me suis embraquée dans un défi de discipline sans menaces.
J’imagine que vous attendez que je vous admette que tout marche à merveille ou que tout a foiré? Ni l’un ni l’autre. C’est une aventure à long terme. Mais je peux vous dire que nous avons beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à un résultat tangible. La discipline interne est le travail d’une vie, si j’en crois mon expérience.
Le rodage ne s’est pas fait sans frictions. Libérés du contrôle artificiel qu’imposaient les “conséquences”, la fratrie est graduellement tombée dans le chaos le plus total. Le travail d’école est tombé en friche et le niveau de criage, d’insultes et de chamaillage ont atteints un nouveau record (ce qui n’est pas peu dire). Mon autorité ne tenant qu’à un fil, je suis devenue irascible, impatiente et généralement irrationnelle. La conclusion de mon expérience de discipline sans menaces était déprimante d’une manière ou d’une autre: soit je devais remettre les menaces au menu, soit je devais me déclarer vaincue et à la merci de mes enfants.
Avec un peu de recul et de réflexion, j’ai réalisé que le recours aux menaces me permettais de ne pas imposer de limites strictes, d’encadrement ferme. Une fois au bout du rouleau, je n’avais qu’à brandir le retrait de privilèges pour que les choses se placent. J’ai appris que sans menaces, je devais être beaucoup plus claire et prévisible quand il en venait aux attentes et aux limites. Éliminer les menaces me forçait à être à la fois plus tendre et plus ferme. J’ai du établir des règles de conduite dans la maison — autant au niveau du comportement que de l’espace physique — que je dois faire respecter sans exception sous peine de me perdre dans l’anarchie. D’une certaine manière, c’est un style de vie plus restrictif qu’avant mais j’ai espoir qu’avec un peu de temps et beaucoup de pratique nous allons arriver à un point d’équilibre. En somme, j’essaie d’être moins “réactive”, c’est-à-dire que je n’attends pas d’être en face d’une situation critique avant de réagir. J’essaie de ne pas me rendre au bout du rouleau. J’y arrive en ayant recours aux routines et aux séquences, en baissant le volume pour garder le calme et en n’ayant pas les yeux plus gros que la panse au niveau de la discipline. Je prends un bouchée à la fois, un changement à la fois, et je mâche et remâche jusqu’à ce que le morceau soit passé.
Heureusement, j’ai l’occasion de pratiquer souvent!
Cela fait longtemps que je te lis et que tu m’inspires au quotidien, même si nous ne sommes qu’une toute petite famille de 3, parents compris. Ce qui marche super sur ma fille (2 1/2) c’est d’utiliser les mots DES QUE. Elle ne veut pas s’habiller pour sortir ? “On pourra sortir DES QUE tu auras ta veste.” Se laver les mains ? “On ira manger DES QUE tes mains seront propres”. On n’atteine pas les 100% mais bien une fosi sur deux ! 😉
Oui! Merci! J’ai aussi beaucoup recours aux “séquences” plutôt qu’aux conséquences: on doit faire A, B, C avant de pouvoir passer à D,E,F. Ç’a es limites dans une famille nombreuse parceque ça donne beaucoup de contrôle à la personne qui ne veut pas passer à D, E,F. Par exemple, si Sarah ne veut pas aller au parc, elle refuse de finir sa routine du matin et retarde tout le monde. Alors il en vient toujours à un point où je dois mettre mon pieds à terre et faire avancer les choses.
One of those rare times where I wish I was fluent in French or could understand French! I know this article talks about discipline? And that’s about it…*sigh*
Aww Maria, I’m sorry! You are the second person to tell me this. Maybe I will find time to translate. It’s not my best post though: I worked on it for a month without really knowing where I was going with it and just ended-up posting so I could move on to something else. The post is about our “abuse of consequences”, or what happens when our disciplinary approach hinges on privilege removal. I realized that in the context of homeschooling, I had often removed all my kids’ privileges by 9 am and after that, my authority was non existent. So I decided to stop using threats of privilege removal and work o my natural authority. Of course, it got a lot worst before it started improving.