Frères et soeurs – Deuxième partie


Voici la deuxième partie de ma publication sur les frères et soeurs. Vous pouvez lire la première partie ici.

 

Les querelles et la rivalité entre certains enfants est inévitable. Les facteurs comme la personnalité, le tempérament et la différence d’âge contribuent aux frictions quotidiennes entre frères et sœurs qui marquent l’enfance. Bien que les batailles semblent épiques au jour-le-jour, elles n’évoluent pas nécessairement en guerres de cent-ans à moins que les parents y mettent du leurs.

 

En parlant avec des adultes qui ont des relations tendues avec leurs frères et sœurs, on peut voir certains thèmes apparaître, autant du côté des parents que de celui des enfants. La maladie mentale, surtout si elle est non-diagnostiquée, mal traitée ou sujette au tabou, peut faire des ravages dans les relations familiales, malgré les meilleurs efforts. Mais même dans les meilleures circonstances, certaines attitudes parentales peuvent faire tourner les relations familiales au vinaigre. Les quatre thèmes qui se dégagent de mes observations ne sont certainement pas les seuls mais ils portent à réflexion car ils sont à la fois évidents et faciles à oublier dans la turbine du jour-le-jour.

 

(1) Le favoritisme. Le favoritisme peut prendre plusieurs formes, qu’il soit intentionnel ou non. Nous sommes tous humains, avec nos préférences et nos petits irritants. Il arrive parfois que nous nous entendions mieux avec un enfant plutôt qu’un autre. Peut-être est-il comme nous et on le comprend mieux, ou au contraire, il représente une version non-polie de nous-même qui nous irrite. Les enfants plus faciles peuvent sembler être les préférés parce qu’ils n’attirent pas autant l’attention des parents et des professeurs, mais tous les enfants ont besoins d’un regard positif inconditionnel. Il nous appartient de poser ce regard positif inconditionnel sur tous nos enfants en dépit de nos préférences, peu importe ce qu’il nous en coûte.

 

(2) Les attentes déraisonnables. Les enfants qui sont placés dans un rôle qui leur demande une maturité et un jugement au-delà de leur capacité en garderont souvent les séquelles à l’âge adulte. Si le favoritisme tend à blesser les enfants sous-performants, les attentes déraisonnables blessent les enfants matures, ceux qui ont une tête sur les épaule, les doués, les enfants sages. Ce sont ceux à qui on demande de surveiller leurs frères et sœurs moins obéissants. Ceux à qui on demande des comptes sur le comportement d’un frère ou d’une sœur à l’école. Ceux à qui on demande de ne jamais avoir une mauvaise journée car leur frère ou leur sœur en demande déjà trop. Les enfants parfaits ont aussi besoin d’espace pour grandir et se développer. L’espace de faire des erreurs et l’espace d’être aimés dans leur imperfection.

 

(3) L’abdication. Notre rôle de parents consiste souvent à encourager les enfants à régler leurs différends, à trouver des solutions à leurs propres problèmes. En lorsque les querelles d’enfants abondent, il est souvent plus facile de laisser les enfants à leurs propres moyens plutôt que de s’en mêler. Et c’est souvent la meilleure approche. Sauf lorsque les problèmes sont toujours réglés de la même manière abusive par un enfant plus fort ou plus têtu. Il ne faut pas toujours laisser la raison du plus fort être la meilleure. S’il est vrai que les enfants doivent apprendre à régler leurs conflits interpersonnels, il est aussi vrai qu’ils doivent apprendre à les régler de manière juste et équitable. Il nous revient de montrer à nos enfants les principes de justice, d’équité et de sacrifice personnel qui leur permettront de régler leurs conflits de manière paisible et permanente. La famille est la toute première école de vie en communauté. Les attitudes qu’on y modèle prennent racine et pourront hanter vos enfants tout au long de leur parcours.

 

(4) L’ingratitude. Il arrive parfois que la vie nous donne un enfant plus difficile. Que ce soit dû à la maladie physique ou mentale, ou tout simplement à un tempérament difficile ou à une difficulté d’apprentissage, certains enfants nous forcent à puiser au plus profond de nos ressources de force et de patience. Il en résulte parfois que leurs frères et sœurs doivent prendre un rôle secondaire et céder la place à l’enfant aux besoins les plus criants. Les enfants sont capables de grandeur d’âme et de sacrifice et font souvent preuve d’une maturité inattendue lorsque les circonstances le demandent. Nous ne devons pas prendre ce sacrifice, cette grandeur d’âme et cette maturité pour acquis. Nos enfants ont besoin de savoir que leur sacrifice est reconu, que leur grandeur d’âme est appréciée. Ils ont besoin de se savoir aimés malgré la tourmente.

 

On ne peut pas toujours prévenir les blessures et les injustices. Je remarque chez mes enfants que certains ont un sens aigu de l’injustice qui pèse plus souvent qu’autrement en leur faveur. Il y aura toujours des mauvaises interprétations, des abus de langage, une mauvaise compréhension. Les parents aussi sont des êtres humains, voués à l’erreur. C’est en honorant l’individualité de chacun de nos enfants et en reconnaissant leur valeur au sein de la famille, que nous mettons toutes les chances de notre côté.

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Frères et soeurs – Deuxième partie


Voici la deuxième partie de ma publication sur les frères et soeurs. Vous pouvez lire la première partie ici.

 

Les querelles et la rivalité entre certains enfants est inévitable. Les facteurs comme la personnalité, le tempérament et la différence d’âge contribuent aux frictions quotidiennes entre frères et sœurs qui marquent l’enfance. Bien que les batailles semblent épiques au jour-le-jour, elles n’évoluent pas nécessairement en guerres de cent-ans à moins que les parents y mettent du leurs.

 

En parlant avec des adultes qui ont des relations tendues avec leurs frères et sœurs, on peut voir certains thèmes apparaître, autant du côté des parents que de celui des enfants. La maladie mentale, surtout si elle est non-diagnostiquée, mal traitée ou sujette au tabou, peut faire des ravages dans les relations familiales, malgré les meilleurs efforts. Mais même dans les meilleures circonstances, certaines attitudes parentales peuvent faire tourner les relations familiales au vinaigre. Les quatre thèmes qui se dégagent de mes observations ne sont certainement pas les seuls mais ils portent à réflexion car ils sont à la fois évidents et faciles à oublier dans la turbine du jour-le-jour.

 

(1) Le favoritisme. Le favoritisme peut prendre plusieurs formes, qu’il soit intentionnel ou non. Nous sommes tous humains, avec nos préférences et nos petits irritants. Il arrive parfois que nous nous entendions mieux avec un enfant plutôt qu’un autre. Peut-être est-il comme nous et on le comprend mieux, ou au contraire, il représente une version non-polie de nous-même qui nous irrite. Les enfants plus faciles peuvent sembler être les préférés parce qu’ils n’attirent pas autant l’attention des parents et des professeurs, mais tous les enfants ont besoins d’un regard positif inconditionnel. Il nous appartient de poser ce regard positif inconditionnel sur tous nos enfants en dépit de nos préférences, peu importe ce qu’il nous en coûte.

 

(2) Les attentes déraisonnables. Les enfants qui sont placés dans un rôle qui leur demande une maturité et un jugement au-delà de leur capacité en garderont souvent les séquelles à l’âge adulte. Si le favoritisme tend à blesser les enfants sous-performants, les attentes déraisonnables blessent les enfants matures, ceux qui ont une tête sur les épaule, les doués, les enfants sages. Ce sont ceux à qui on demande de surveiller leurs frères et sœurs moins obéissants. Ceux à qui on demande des comptes sur le comportement d’un frère ou d’une sœur à l’école. Ceux à qui on demande de ne jamais avoir une mauvaise journée car leur frère ou leur sœur en demande déjà trop. Les enfants parfaits ont aussi besoin d’espace pour grandir et se développer. L’espace de faire des erreurs et l’espace d’être aimés dans leur imperfection.

 

(3) L’abdication. Notre rôle de parents consiste souvent à encourager les enfants à régler leurs différends, à trouver des solutions à leurs propres problèmes. En lorsque les querelles d’enfants abondent, il est souvent plus facile de laisser les enfants à leurs propres moyens plutôt que de s’en mêler. Et c’est souvent la meilleure approche. Sauf lorsque les problèmes sont toujours réglés de la même manière abusive par un enfant plus fort ou plus têtu. Il ne faut pas toujours laisser la raison du plus fort être la meilleure. S’il est vrai que les enfants doivent apprendre à régler leurs conflits interpersonnels, il est aussi vrai qu’ils doivent apprendre à les régler de manière juste et équitable. Il nous revient de montrer à nos enfants les principes de justice, d’équité et de sacrifice personnel qui leur permettront de régler leurs conflits de manière paisible et permanente. La famille est la toute première école de vie en communauté. Les attitudes qu’on y modèle prennent racine et pourront hanter vos enfants tout au long de leur parcours.

 

(4) L’ingratitude. Il arrive parfois que la vie nous donne un enfant plus difficile. Que ce soit dû à la maladie physique ou mentale, ou tout simplement à un tempérament difficile ou à une difficulté d’apprentissage, certains enfants nous forcent à puiser au plus profond de nos ressources de force et de patience. Il en résulte parfois que leurs frères et sœurs doivent prendre un rôle secondaire et céder la place à l’enfant aux besoins les plus criants. Les enfants sont capables de grandeur d’âme et de sacrifice et font souvent preuve d’une maturité inattendue lorsque les circonstances le demandent. Nous ne devons pas prendre ce sacrifice, cette grandeur d’âme et cette maturité pour acquis. Nos enfants ont besoin de savoir que leur sacrifice est reconu, que leur grandeur d’âme est appréciée. Ils ont besoin de se savoir aimés malgré la tourmente.

 

On ne peut pas toujours prévenir les blessures et les injustices. Je remarque chez mes enfants que certains ont un sens aigu de l’injustice qui pèse plus souvent qu’autrement en leur faveur. Il y aura toujours des mauvaises interprétations, des abus de langage, une mauvaise compréhension. Les parents aussi sont des êtres humains, voués à l’erreur. C’est en honorant l’individualité de chacun de nos enfants et en reconnaissant leur valeur au sein de la famille, que nous mettons toutes les chances de notre côté.

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