
For my English readers: This post is about friendships and the things we give-up when we become parents.
Prendre la décision d’avoir des enfants, c’est décider de s’excuser de l’avant-plan, de donner la priorité, de céder le passage. Certains parents ne l’apprennent jamais. D’autres l’apprennent presque par accident. Vous seriez surpris par le nombre de personnes qui me disent:
J’ai arrêté à 2. Je suis trop égoïste pour en avoir plus.
J’ai toujours trouvé ça triste. Intuitivement, on a tendance à penser que ceux qui l’admettent ont l’honnêteté de reconnaître leurs limites. Après tout, combien d’enfances malheureuses ont été causées par des parents égoïstes incapable de reconnaître leur inhabilité à faire passer leurs enfants avant eux-mêmes? Et pourtant, n’y a-t-il pas quelque chose d’extrêmement triste en cette fierté d’être égoïste, en cette absence de gêne? Comme si l’égoïsme devrait être la norme et le don de soi l’exception. Comme s’il n’y avait aucune valeur à tenter de surmonter nos faiblesses, de grandir au-delà de nos limites? Dans le fond, ne sommes-nous tous pas trop égoïstes de nature? Je le suis et je l’admets. Mais plutôt que de me complaire dans mon inhabilité de faire passer les autres devant moi, j’ai choisi d’ajouter plus “d’autres” dans ma vie, jusqu’au point où faire passer les autres est devenu plus simple que de tenter de me faire passer en premier.
Enfin, ce post n’est pas au sujet de ma supériorité morale — croyez-moi, il n’en est rien! — mais plutôt au sujet de ce que l’on abandonne au profit de nos enfants. Pour le meilleur et pour le pire.
Au cours des vacances de Noël, mon très talentueux frère s’est mis au pain et m’a demandé si je faisais toujours mon pain. “Ha! Ha!” ai-je répondu, “Ça c’était jusqu’au quatrième enfant!” Ça m’a fait réfléchir sur mon parcours de mère et les choses qui étaient tombées en cours de route. Par exemple, j’ai tué une plante verte pour chaque nouveau-né et depuis la naissance des jumeaux j’ai perdu la toute dernière. Les couches de coton n’ont pas survécu au quatrième enfant. J’ai abandonné mon hobby d’aquarium avec plantes vivantes après le cinquième. J’ai fait de la musique jusqu’à six enfants et ma guitare ramasse maintenant la poussière. J’ai fait mon pain jusqu’au troisième. Et ainsi de suite.
Puis il y a aussi toute sorte de choses que nous faisions entre familles jusqu’à ce que le train de vie effréné prenne le dessus. Le camping d’hiver dans un refuge, commencé comme activité père/enfants et qui a évolué pour inclure les mamans qui ne voulaient pas rester en arrière. Les partys d’igloo l’hiver, de cueillette de pommes l’automne et de n’importe quoi l’été, autant d’excuses pour inviter autant d’amis que possible et faire la fête. Les brunchs entre amis. Les randonnées en forêt. Les voyages d’un jour à Kingston ou à Montréal.
Aujourd’hui, nous arrivons au vendredi soir la langue à terre sans aucun désir de sortir. La maison en foutoir trahi les sorties en coup de vent entre deux activités. La fin de semaine passe en clin d’oeuil entre la gymnastique des uns, le travail des autres, les devoirs et le ménage. Dimanche soir se pointe le bout du nez et soudainement, le tapis roulant de la semaine reprend de l’élan. Semaine après semaine, mois après mois et, maintenant, année après année. Et tout d’un coup, je réalise que je n’ai jamais rencontré les plus jeunes enfants de certaines de mes plus anciennes amies. Ma vie sociale se déroule en mise-à-jour sur Facebook. Je n’appelle plus personne, à quoi ça sert? Je suis interrompue au bout de 30 secondes. Plus personne ne m’appelle et je me demande s’ils ont tout simplement abandonné ou si nous sommes toutes dans le même bateau.
Je n’ai presqu’aucun regret d’avoir eu à abandonner ceci ou celà au fil grandissant de ma famille. Mais je m’ennuie de mes amies. De celles que je ne vois plus, de celles que je ne vois que rarement et de celles que je ne vois que superficiellement entre deux Latte avec les enfants qui attendent impatiemment. Je suis à la fois reconnaissante et embêtée par Facebook et ses amitiés faciles. Je sais qu’un jour les enfants seront grands et que nous auront à nouveau le temps de sortir et de recevoir. J’espère qu’il y aura encore du monde à voir à l’autre bout du tunnel.